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Trafic de drogue et vente à la sauvette : lettre aux responsables politiques et institutionnels

Depuis que les habitants des Coutures ont exprimé leur exaspération liée au trafic de drogue lors de la rencontre au Jardin Partagé (lire notre dernier article ici), la mobilisation prend une nouvelle ampleur. Désormais Montreuillois et Bagnoletais sont main dans la main pour exiger que nos élus, les autorités et les institutions républicaines prennent leur responsabilités.
Le préfet est inexistant, l’Etat est aux abonnés absent et Patrice Bessac et Tony Di Martino ne sont pas à la hauteur de leurs prérogatives et n’assument pas leurs responsabilités. Ces derniers se déchargent bien vite sur l’Etat en oubliant qu’ils sont également les premiers magistrats de nos villes et ont reçu maintes alertes et interpellations.
Ce que nous subissons quotidiennement est une prise d’assaut de nos espaces de vie publique, de nos halls, de nos trottoirs lorsque nous emmenons nos enfants à l’école ou que nous allons faire nos courses. Un climat anxiogène semblent s’installer durablement et il est temps qu’une action forte et concertée de nos représentants politiques et institutionnels se concrétise dans les meilleurs délais.
C’est dans cette perspective qu’une lettre ouverte a été adressée ce jour et dont nous publions le contenu ci-dessous.

Nous vous invitons également à signer la pétition en ligne

Lettre ouverte à

Monsieur Gérald Darmanin, Ministre de l’Intérieur
Monsieur Alexis Corbière, Député de Seine-Saint-Denis
Monsieur Stéphane Troussel, Président du Conseil général de Seine-Saint-Denis
Monsieur Patrice Bessac, Maire de Montreuil et président d’Est Ensemble
Monsieur Tony di Martino, Maire de Bagnolet
Madame Anne Hidalgo, Maire de Paris
Monsieur Eric Pliez, Maire du 20e arrondissement de Paris
Madame Fabienne Klein-Donati, Procureure de la République près du tribunal judiciaire de Bobigny
Monsieur Georges-François Leclerc, Préfet de Seine-Saint-Denis
Monsieur Didier Lallement, Préfet de police de Paris
Monsieur Gabriel Millot, Commissaire central de Montreuil
Monsieur Vincent Sarguet, Commissaire central des Lilas
Bagnolet, le 8 février 2021

Monsieur le Ministre, Mesdames, Messieurs,

Depuis de nombreuses années les habitants du quartier des Coutures à Bagnolet et du Bas-Montreuil subissent d’innombrables nuisances liées notamment au trafic de stupéfiants, à la présence de plus en plus visible de squats, de voitures ventouses et de bidonvilles dans l’espace public et à l’installation quasi quotidienne de ventes sauvages, dites sauvettes, dans les rues autour de la porte de Montreuil. Installées sur les trottoirs et les pistes cyclables, elles empêchent la circulation des piétons, des vélos, des poussettes et des fauteuils roulants, sans oublier les enfants et les personnes âgées. Tout le monde est contraint de circuler sur la chaussée, avec les risques que cela comporte.

Lettres, appels, plaintes, tweets et autres interpellations en tous genres des mairies, des commissariats, des élus, n’ont jamais eu le résultat escompté : une intervention concertée et ferme des pouvoirs publics est aujourd’hui nécessaire pour débarrasser nos quartiers aux portes de Paris de ces activités illicites, accidentogènes, souvent criminelles qui perturbent considérablement la vie des riverains, commerces et sociétés locales.

Le contexte sanitaire de ces derniers mois n’a fait qu’amplifier le phénomène et les nuisances. Les trois villes autour de la porte de Montreuil, les deux départements et les deux préfets continuent à se renvoyer la balle, se contentant de renvoyer le problème chez les voisins. Les commissariats de Montreuil et des Lilas sont en sous-effectifs notoires, mal équipés de surcroît. La ville de Bagnolet, où se situe la Capsulerie, plus grand « four » d’Ile-de-France, n’a même pas son propre commissariat.

Les habitants des quartiers, qui essaient d’y vivre tranquillement ces mois difficiles, d’y faire grandir leurs enfants en toute sécurité, sont excédés. Les commerçants et sociétés qui essaient de surmonter la crise actuelle sont totalement perturbés dans leurs activités par ces ventes sauvages.

Voici quelques points concernant la sauvette qu’aucun d’entre vous ne devrait ignorer, qu’aucun d’entre vous ne prend à bras le corps et qui nécessitent chacun une approche différente :

- Depuis des mois, voire des années, la ville de Paris repousse la pauvreté à sa périphérie. Tout au long du périphérique se constituent des campements, des squats, souvent dans des voitures, de populations très précarisées, beaucoup de familles avec des enfants. Nous n’avons jamais pu constater aucune prise en charge par les services de l’Etat. Leur vie est extrêmement précaire, sans accès notamment à des sanitaires ou des cuisines, et mériterait toute votre attention. C’est une honte sociale, qui entraîne de fortes nuisances pour les riverains : bruit, déchets, problèmes sanitaires graves, difficultés et danger de circulation, etc.
- Tous les vendredi, samedi, dimanche et lundi, bon nombre d’entre eux participent à ce qui est communément appelée « la sauvette ». Ces marchés de la misère se déplacent au gré des interventions des forces de l’ordre, entre Paris, Montreuil, Vincennes et Bagnolet. Sans jamais disparaître complètement faute de solution adéquate.
- Les riverains constatent que cette sauvette est de plus en plus organisée et gangrénée par des activités criminelles. Des bus de voyage et camionnettes, souvent immatriculés dans des pays d’Europe de l’Est, sont stationnés toutes les fins de semaine sur le rond-point de la porte de Montreuil et déversent des tonnes de marchandise pour la sauvette. Marchandise déversée le lendemain par des voitures à Montreuil ou Bagnolet. La sauvette a ses guetteurs et ses chefs qui rackettent les plus démunis, leurs réclamant de payer un « emplacement ». Nous les voyons faire tous les jours.
Le 26 octobre dernier, la préfecture de police de Paris se félicitait ainsi sur Twitter d’avoir intercepté des bus avec des marchandises destinées aux sauvettes sur les routes d’Ile-de-France. Venir à la porte de Montreuil serait sans doute plus facile et plus rentable…

A quand un vrai carré aux biffins contrôlé et encadré pour que ceux qui sont vraiment dans le besoin puissent vendre leur marchandise en toute légalité et toute tranquillité, sans se faire menacer et racketter ? Montreuil Vincennes, Bagnolet et Paris XX disposant chacune d’une place de marché, il serait parfaitement possible d’ouvrir un marché aux biffins le vendredi à Bagnolet, le samedi à Montreuil, le dimanche à Vincennes et le lundi à Paris XX. Cela se fait déjà à porte de Clignancourt. A quand une solution sociale pour ces familles avec enfants qui vivent aux pieds de nos immeubles ? Et à quand un démantèlement de ces gangs ?

Se déplacer dans nos quartiers est devenu un parcours du combattant. L’hygiène est déplorable (déchets, déjections, et forcément rats). L’espace public – trottoirs, squares et pistes cyclables – est soit neutralisé par les mairies pour empêcher l’installation des sauvettes, soit squatté par les ventes et les « livraisons ». Contraints de circuler à pied sur la chaussée, les riverain-es font face en permanence à un risque d’accident, surtout les enfants seuls sur le trajet des écoles.

L’autre gros problème pour lequel nous souhaitions vous interpeller est peut-être moins visible, mais encore plus grave. C’est le trafic exponentiel de stupéfiants dans nos quartiers.

La ville de Montreuil a récemment mis des caméras de surveillance place de la Fraternité, où le deal était très présent. Depuis les points de deal se sont déplacés et sont venus renforcer les points déjà existants à Bagnolet (à l’angle des rues Robespierre et Victor Hugo, dans le jardin partagé de la rue Victor Hugo et devant le 15 rue Jules Ferry). Le jardin partagé, seul point de verdure dans un quartier qui en manque cruellement, a été totalement déserté par les familles qui y venaient.

Le point de deal historique du quartier des Coutures à Bagnolet à proximité du collège Georges Politzer a lui aussi pris de l’ampleur. Passons sur les nuisances des moteurs de voiture tournant toute la nuit, les cadavres de bouteilles et les mégots dans la rue tous les matins, les cris, les bagarres et les règlements de compte. Nous souhaitons seulement vous dire UNE chose : nous n’accepterons jamais que nos quartiers deviennent et restent un haut lieu du trafic de stupéfiants, que ce soit devant les écoles de nos enfants ou ailleurs.

Le sous-effectif de forces de l’ordre pérennes dans nos quartiers est criant et l’une des raisons de cette dérive constatée depuis plusieurs années, qui amène aujourd’hui à cette situation extrême.

Vous affichez depuis votre nomination, Monsieur le Ministre, une détermination qui se veut totale contre le trafic de stupéfiants. Nous n’en voyons aucun effet positif dans nos quartiers. Bien au contraire, nous nous sentons de plus en plus pris en étau entre les squats, les sauvettes et le trafic de stupéfiants.

Nous n’accepterons jamais d’être laissés de côté parce que nous sommes dans le 93, aux portes de Paris. Nos quartiers où l’entraide, la solidarité, la mixité sociale et le bien-vivre ensemble ne sont pas des mots creux méritent bien mieux, Monsieur le Ministre, Mesdames, Messieurs, que votre indifférence, votre inaction et votre incapacité à travailler ensemble pour trouver des solutions pérennes et acceptables pour tous.

Comme son nom l’indique, cette lettre est ouverte et a donc vocation à être publiée, ce à quoi nous allons nous attacher dès à présent, notamment sous forme de cette pétition :

Pour signer la pétition, cliquez-ici

Nous restons évidemment à votre disposition pour toutes les informations qui pourraient vous être utiles, au cas où, vous ignoriez encore, après nos multiples et régulières interpellations sur les réseaux sociaux, en personne ou par lettres, le cauchemar que nos quartiers vivent au quotidien.

En attente d’une réponse, que nous espérons pour une fois concertée entre vous tous, immédiate et ferme, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, Madame, Messieurs, nos sincères salutations

Les habitants du Bas Montreuil, les habitants du quartier des Coutures de Bagnolet

Retrouvez l’article de France Bleu paru ce jour sur la mobilisation

 

 

 

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