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QUELLE CULTURE AUX COUTURES POUR L’AVENIR

QUELLE CULTURE AUX COUTURES POUR L’AVENIR par  Marie Pierre CATTINO - Ecrivain

 Tout d’abord une envie de parler de ce quartier qui voit pousser des immeubles comme des champignons.

Permettez cet aparté amical. Je cite : « Il avait ce *Marcovaldo, un œil peu fait pour la vie citadine : les panneaux publicitaires, les feux de signalisation, les enseignes lumineuses, les affiches… Il se baissa pour attacher ses chaussures et regarda mieux : c’étaient des champignons qui étaient en train de pousser au cœur de la ville ! »

Qu’y-a-t-il aux Coutures ? Des gens, beaucoup de gens, des cafés, quelques cultures, aussi qui pousseront dans le terrain, non loin des immeubles où les enfants viendront, au soleil, faire admirer leur récolte… Un poumon vert coincé entre des immeubles et quelques lofts ! Et puis, le centre social et culturel des Coutures, un autre poumon du quartier, là, où l’on y respire de la culture et du lien social. Un attachement de proximité où chaque individu se réconcilie avec sa parole et celle de l’autre. Une main tendue, une note de musique, une couleur, du chant choral, des percussions… de la peinture, la couture, la cuisine, la causerie, les jeux littéraires, le comité d’usager, les expositions, les sorties en famille… Des relations avec le conservatoire slave ou l’école Jules Ferry. Ce culturel pour les générations successives. La gestion du culturel passe avant tout par un service public, qui met au centre la personne et le collectif. C’est en rapprochant les individus du quartier des coutures que la culture résiste. Sans ce ventre-là, les champignons de Marcovaldo resteraient invisibles. Le  quartier des coutures signifierait un dortoir. Une impasse.

Et si soudain un éclairage y était apporté avec des missions de plus en plus nombreuses… Impossible, ah bon et pourquoi ?

Des voitures, du bruit, des cris n’ont jamais suffi à faire de la rue, une ville qui vit. Et là où le politique a échoué, le centre des coutures fait le relais. Il ne travaille pas pour l’élite, son maintien est donc fragile. Il doit continuer à se réinventer. Il sera ce que les gens en attendent, si toutefois où lui en donne les possibilités financières.

Que s’est-il passé lorsque la bibliothèque a été vidée ? Un vide culturel manifeste. Le mot est lâché !

On ne sépare pas un quartier de ses livres, sans oublier que ce sont des outils de vie. Car la culture se vit au jour le jour, des années durant. Elle relie, c’est sa force, donne du rêve. Le rêve n’est pas un mot vain, il est solidaire d’une organisation politique. On ne fait pas de gestion de la ville contre les siens, ses aînés, les générations futures et immédiates. Il faut être ingénieux, aller à la recherche de financements. La volonté est la petite sœur du savoir. Le savoir comme ouverture à l’autre. La culture, c’est la connaissance de l’autre dans sa différence. C’est une affirmation dans le partage. La politique de la ville doit se baser sur une analyse fine, une lueur d’espoir au centre des préoccupations quotidiennes. Car si la culture est toujours en devenir, la mission des politiques est sa préservation, son encouragement. L’accompagnement comme valeur pour toute une ville.

Le vivre ensemble passe par une politique culturelle forte qui prend en compte chacune et chacun.

Sans cela le politique échouera sa mission de service public.

 

*Marcovaldo d’Italo Calvino, (manœuvre, pauvre et chargé de famille. Mais il rêve beaucoup… A la nature, surtout, qui n’est guère présente dans l’univers d’asphalte et de béton où il faut vivre….) Editions Gallimard, collection étranger.

 

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